Quand Mikoto s'improvise pédiatre. [ PV Mikoto n_n ]

Tout cela avait commencé ce midi, à la cafétéria. Alors que Reira déjeunait tranquillement avec sa fille, installée pour l'occasion sur ses genoux, sous les regards encore critiques de certains. Quoi ? Ils ne s'y étaient toujours pas fait, à la présence de Kimie ? Quels imbéciles. A chaque paire d'yeux qui rencontrait son chemin, elle y sourit ; tous les regards haineux du monde n'y aurait rien changé. Enfin. La petite fille porta une main à son oreille droite, pour la Xième fois de la journée. Légèrement inquiète, Reira se pencha sur le côté : « Qu'est-ce qui t'arrives, ma puce ? ». La petite fille la regarda, une expression douloureuse sur le visage : « Mal à'l'oreille. » Sa mère lui passa une main dans les cheveux, puis réitéra quasi instantanément la chose ; son front commençait à devenir étrangement brûlant. « Oh non... »

Qu'avait-elle attrapé comme cochonnerie ? L'oreille, la fièvre qui commençait... Et la sonnerie qui retentirait bientôt. Pas le temps d'aller voir un médecin. Puis, c'était trop cher. Son choix se porta donc sur l'infirmerie de l'école, ne sachant trop si l'on allait pouvoir y soigner la pauvre Kimie. Qui se blottit un peu plus contre sa mère, reprenant sa sucette en bouche, serrant sa peluche contre elle. Reira avala sa dernière bouchée de riz, débarassa rapidement son plateau. En priant que quelqu'un soit à son poste. Ne courant pas afin de ne pas attirer l'attention, elle arriva finalement à l'étage de l'infirmerie, puis alla toquer à la porte, attendant sagement qu'on lui ouvre.

La porte s'ouvrit sur une jolie blonde, à laquelle elle sourit, malgré l'état d'urgence dans lequel elle se trouvait. La politesse, et la bonne humeur, toujours.
« Bonjour, mademoiselle. Je crois que ma fille est malade. » Sur ce, elle baissa les yeux vers Kimie, qu'elle tenait encore dans ses bras. « Vous pourriez me donner quelque chose pour la soigner ? »

Mikoto triait tranquillement les boîtes de médicaments qu'elle avait reçues le matin même, ses étagères se remplissant peu à peu. Tant mieux, d'un côté, puisqu'elle n'avait pratiquement rien dans ses placards. Le directeur avait heureusement fait ce qu'il fallait pour fournir la jeune infirmière. Cette dernière cochait d'ailleurs peu à peu sur sa liste les boîtes qu'elle rangeait, constatant avec une satisfaction évidente que rien ne lui manquait. Un pâle sourire étira ses lèvres alors qu'elle refermait son placard, virant ensuite à coups de pied ses cartons vides. Elle n'avait même pas pensé à déjeuner tiens... Bah, un manju ferait bien l'affaire, le temps qu'elle trouve un créneau pour partir fureter dans les cuisines.

La blondinette mordait d'ailleurs dans sa sucrerie lorsqu'on frappa à la porte. Intriguée - après tout c'était toujours l'heure du déjeuner - Mikoto reposa son manju à peine entamé afin d'aller ouvrir. Une jeune fille brune portant une enfant dans ses bras.

- Bonjour, mademoiselle. Je crois que ma fille est malade. Vous pourriez me donner quelque chose pour la soigner ?

Le regard azur de Mikoto se posa sur la petite, qui semblait effectivement bien mal en point et se frottait constamment l'oreille. L'infirmière finit par s'effacer et laissa la jeune fille entrer. Et son nom lui revint en mémoire. Le directeur lui avait déjà parlé d'elle, précisant qu'elle avait une fille...

- Hum, Reira, ne ? Pose ta fille que la table d'observation, j'arrive immédiatement.

Reira avait toujours été fascinée par les occidentaux. Par les occidentales, plus particulièrement. Et si l'infirmière ne pouvait s'en targuer d'en être une, la jeune fille resta pourtant fascinée par son regard azur et ses boucles blondes, regrettant soudainement ses origines japonaises devenues fades, avec son lot de caractéristiques physiques auquel elle ne pouvait rien faire. Aoyama-san était d'une beauté éblouissante, c'était définitif, et la dernière des Tôda aurait donné tout l'or du monde pour la couleur saphir de ses prunelles. Rien qu'à cette idée, elle entendait déjà Chojiro la réprimander, lui assurant qu'elle était parfaite comme elle était ; mais rien à faire, le sombre de ses yeux n'avait, selon elle, aucune valeur comparé à la clarté de ceux de Mikoto.
Elle eut un sourire reconnaissant, encore emprunt d'une part d'inquiétude, puis entra lorsque l'infirmière lui laissa le champ libre, pour se retourner quasi-immédiatement vers elle, attendant la suite.

- Reira, ne ?

L'interpellée acquiesça vivement du chef, après s'être étonnée un instant qu'elle connaisse son nom ; mais après réflexion, elle devait être la seule accompagnée de son enfant, ici dans l'internat. Logique que son cas soit connu de tous, même du corps professoral, et du staff.
Selon les ordres de l'infirmière, elle posa la petite Kimie sur la table, et le brillant de ses yeux ne fit que creuser un peu plus la barre d'anxiété qui s'étirait sur le front de sa mère ; elle s'assit à ses côtés, et se pencha pour déposer un baiser sur sa joue, caressant les cheveux de l'enfant avec douceur, sans la quitter des yeux. Dieu qu'elle détestait la voir dans un état pareil. Que couvait-elle encore ? Kimie avait déjà eu sa dose d'angines, de rhinopharyngites et autres maladies respiratoires, sans compter les multiples gastro qu'elle avait pu contracter. Elle ne pensait pas à quelque chose d'horriblement grave, mais la fièvre l'inquiétait toujours un peu. Alors, attendant le retour de l'infirmière, Reira laissa aller son regard sur les différents objets de la pièce, observant sans un mot, câlinant toujours les cheveux de sa fille.