Cadeaux...! [Reira]

Un mois, oui. Un long et tortueux mois sans avoir l'occasion de profiter pleinement de Chojiro. Reira n'en blâmait, bien entendu, pas Kimie, mais il est vrai que sa vie avait radicalement changé, depuis son arrivée. Particulièrement au sein de l'internat. S'occuper de sa fille, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ça n'avait certes pas de prix, mais pour tout le reste, il y avait Eurocard Mastercard. Hum. Mais c'était épuisant. Horriblement épuisant.

Aussi finit-elle par mettre une annonce au vu de tous, à l'endroit le plus fréquenté de l'internat. Et, selon ses espérances, on y répondit quasi de suite ; Sumi Marubashi, qu'elle ne connaissait que de nom, parmi toutes les rumeurs et autres potins qui circulaient déjà à l'école -preuve que l'ère des hommes y était bel et bien révolu-, s'était portée volontaire pour s'occuper de la petite, lorsque Reira voulait s'échapper de son rôle de mère quelques heures durant. Comme cet après-midi, par exemple, où Chojiro lui proposa de sortir faire les magasins, seuls. Cela faisait si longtemps.

Et la voilà, provisoirement libérée de toute charge maternelle, bras dessus-bras dessous avec son meilleur ami de -presque- toujours. Dieu que cela lui avait manqué. Rire de ses blagues -parfois stupides, il fallait le dire :p, en faire à son tour, se raconter leurs vies, tout en se promenant le long des avenues attrayantes de Moriguchi. Tiens, c'était moche, ce haut-là. Hein Choji ? Complètement. Regarde-moi ce jean, là-bas... Erk, quelle horreur. Et cela durait des heures et des heures.
Le jeune Uemura était d'ailleurs l'un des rares au courant, pour Seiho et elle ; Reira n'avait jamais aimé étaler sa vie au grand jour, encore moins si Kimie y était impliquée. Puis, le pauvre Usami n'aurait pas été aussi populaire qu'aujourd'hui, si sa belle image avait été ternie par ce triste événement. Non, vraiment. Ainsi le laissait-elle emballer paisiblement, sans troubler son quotidien. Ou sans que Kimie ne le reconnaisse comme son véritable père, aussi.

Huum ? Son anniversaire ? « Choji... », fit-elle avec un sourire attendri. Il l'avait encore oublié ? Tous les ans -voire tous les mois, d'ailleurs-, le jeune homme faisait le pas sur sa date de naissance. Elle n'en était plus étonnée, des « Merde... C'est quand déjà, ton anniversaire ? ». S'en amusait même, comme ici. Mais cette fois, c'était apparemment pour une bonne raison.

« - Peu importe si oui ou non... Je t'achète quelque chose! Cadeau de ma part pour montrer que je tiens à toi! Et en plus, ça fait une éternité qu'on est ami non? Faudrait fêter ça? »

Son sourire s'agrandit un peu plus au clin d'oeil qu'il lui fit. Où était-il encore allé chercher une idée pareille ? Un brin de malice éclaira le visage de Reira. « C'est d'accord. Si tu me laisses t'acheter un truc, moi aussi. » Parce qu'après tout, l'amitié fonctionnait sur la base de la réciprocité, non ? Et, ça tombait bien, elle avait pas mal d'argent, ce mois-ci. « Tu tiens à ce qu'on le fasse ensemble, ou on se sépare une dizaine de minutes, pour ensuite se retrouver ici ? », ajouta-t-elle en désignant le sol de son index. Une idée commençait déjà à germer dans son esprit, en ébullition depuis la proposition de Choji. Bon, un peu classique. Mais parfait pour l'occasion.

Chojiro sourit lorsque Reira accepta, mais à une condition, qu'elle puisse lui acheter un cadeau en retour. Il roula des yeux avant de regarder Reira. Ne pouvait-elle pas garder son argent pour elle? Elle avait une fille à présent, et tout ça coûtait cher. La nourriture, les vêtements... Sans parler du collège et tout le reste. Le nippon soupira avant d'acquiescer. Reira lui demanda ensuite s'il préférait qu'ils achètent le tout ensemble ou bien qu'ils se séparent une dizaines de minutes pour se retrouver ici. Chojiro prit un air pensif, le temps de bien réfléchir à sa question. Cela faisait tout de même longtemps qu'ils n'avaient pas passé du bon temps ensemble, alors il voulait profiter d'elle pleinement, mais d'un autre côté, s'il achetait le cadeau en cachette, le tout serait un plus belle surprise non?

- Et bien... On se rejoint ici dans dix minutes !

Il lui fit un petit sourire à la nippone avant de se diriger vers une boutique non loin de leur oint de repaire. Il rentra à l'intérieur et se cacha derrière un mannequin pour voir si Reira l'avait suivit. Cherchant de tout côté, il ne la vit pas. Il sourit en son fort intérieur, se trouvant un peu stupide d'avoir agis ainsi, mais il voulait être certain que le tout soit une VRAIE surprise. Il sortit du magasin sur ses gardes. C'était des vêtements de grand-mère alors il n'y avait rien de bien intéressant ici pour sa meilleure amie. Il marcha donc d'un pas pressé vers une nouvelle boutique qui venait de prendre place dans le centre commercial et commença à fouiller un peu ici et la à la recherche de la perle rare.

5 minutes venaient de passer et le stress augmentait à chaque seconde. Il voulait prouver à Reira qu'il tenait vraiment à elle et que, quoi qu'il arrive, il serait toujours présent pour elle. Depuis toutes les nombreuses années qu'ils avaient vécue ensemble, elle devait bien être au courant, mais Chojiro voulait s'en assurer. Seulement... Il ne savait pas trop quoi lui acheter. Soudainement, quelque chose de scintillant attira son attention. Il contempla le prochain de cadeaux de Reira et sourit. Il était rentré dans une bijouterie qui était à la toute dernière mode. Les bijoux valaient une fortune, mais Chojiro avait l'argent pour acheter un petit quelque chose, comme ce magnifique collier. Il sourit avant de se retourner et de demander à une dame qui travaillait dans cette bijouterie qu'il désirait avoir le collier. Celle-ci entrepris de sortir le bijou de la vitrine et le tendit à Chojiro. Celui-ci l'empoigna délicatement et l'apporta à la caissière.

Après que le tout soit payer et déposer dans une petite boîte décorative, Chojiro ne pu s'empêcher d'acheter un petit ourson pour Kimie. Depuis qu'elle était née, grâce à lui, elle en faisait collection. Il sortit de la boutique, fier de son achat et se dirigea vers leur point de rencontre. Il avait dépasser un peu le temps limite, mais après un cadeaux comme celui-ci, Reira ne pouvait se plaindre. En parlant du loup, il la vit un peu plus loin, dos à lui. Se faufilant entre tout le monde, il arriva derrière elle pour se pencher un peu, accotant son menton sur son épaule. Il jeta un coup d'oeil par dessus celle-ci pour voir ce qu'elel lui avait acheter mais ne pu l'apercevoir. Il sourit gentiment à Reira avant de se reculer.
*Ce qu'elle sent bon...*

- On se l'échange maintenant ou bien...?

Il pencha légèrement la tête pour appuyer sa question. Cela ne lui dérangeait pas vraiment de lui donner tout de suite car il était impatient de voir le visage de Reira s'éclairer par le bonheur, mais en même temps... Un cadeaux comme celui-ci, il ne fallait qu'une mauvaise personne et des mains agiles pour le voler en moins de deux...

Parfait. Dix minutes, top chrono. Et d'aucune n'était à gaspiller, la demoiselle ayant déjà trouvé ce qu'elle allait offrir -ou plutôt, où elle allait le trouver- à son cher Chojiro. Après un dernier sourire à ce dernier, elle partit dans la direction opposée du centre commercial ; la boutique dont elle avait connaissance se trouvait dans une petite rue un peu plus excentrée, à l'image des produits qui y étaient vendus. Même en pressant le pas, Reira mit cinq bonnes minutes pour y parvenir, salua le vendeur d'un « Bonjour. » essoufflé en poussant la porte, à la suite du « Bienvenue. » de son propriétaire. D'un coup d'oeil, elle embrassa la pièce multicolore ; partout s'étalaient divers gadgets non indentifiables et autres livres, venus de pays qu'elle regretta soudain de ne pas connaître.
« Puis-je vous aider ? », lui demanda-t-on alors qu'elle examinait un sac chamarré, aux couleurs vives propre au Pérou. La jeune Tôda se retourna, et acquiesça du chef : « J'aurais besoin de quelque chose de spécial, pour une amitié particulière. Très forte. »
« Huum. Je crois que j'ai ce qu'il vous faut. » Il lui sourit.

Ca n'avait coûté que quelques centaines de yen, mais elle mettait dans son cadeau une valeur nettement plus symbolique qu'autre chose. On lui avait proposé plusieurs articles, mais son choix s'était quasi immédiatement porté sur un en particulier, de par sa signification, et, aussi, de par son apparence. Chojiro le porterait à merveille, pensa-t-elle en contemplant ledit cadeau avec un sourire, avant de le mettre dans une de ses poches. Se croyant en retard, elle se hâta un peu plus, et, pensant déjà trouver son meilleur ami, fut étonnée de ne pas reconnaître sa silhouette familière dans la masse des quelques passants. Bon. Elle n'eût pas réellement le temps d'attendre, puisqu'elle sentit après quelques minutes une pression familière sur son épaule, qui la fit sourire de plus belle. Tel qu'elle le connaissait, il tentait sûrement de guetter le cadeau qu'elle lui avait fait, heureusement bien à l'abri dans sa veste. Se retournant, elle lui pinça les joues pour la forme, tandis qu'il lui posait sa question, qui la laissa perplexe un instant.

« Maintenant, oui. Tu nous vois rester plantés ici comme deux imbéciles, juste pour faire durer le suspense ? » Elle roula des yeux tout en souriant. « Je commence, et tu n'as pas le choix. » Sur ces paroles qui se voulaient faussement autoritaires, elle lui attrapa le poignet droit : « Tends ton bras, et bouge plus. » Elle gratifia ce commentaire d'un regard chargé de mystère, mêlé avec un peu d'impatience, aussi, attendant qu'il lui obéisse. Elle fouilla dans sa poche, pesta légèrement quand elle ne le trouva pas de suite, et en sortit finalement un bracelet tissé de multiples couleurs, qui vint rapidement trouver contact avec le poignet de son meilleur ami. « C'est un bracelet brésilien. », expliqua-t-elle en le nouant à l'endroit prévu pour cet effet. « Fais un voeu, maintenant. » Tout en cherchant le regard qui lui signifierait qu'il s'était exécuté. « Il se réalisera une fois que le bracelet sera tombé de lui-même. Tu n'as pas le droit de l'enlever, même si tu trouves que les couleurs jurent horriblement avec ta tenue du jour. Sinon, tu auras affaire à moi. » Sourire angélique. « Ca te plaît, Choji ? » Elle l'espérait, mais n'en doutait pas pour autant. Et puis, si jamais, ils avaient toujours été franc l'un envers l'autre, et il ne se cacherait pas d'une possible déception.

Héhé. Reira rayonnait, heureuse de la réaction de Chojiro ; encore une preuve qu'elle le connaissait parfaitement bien. Enfin... Curieuse de nature, elle se demandait tout de même quel voeu il avait pu faire. Quelque chose à propos de la petite Itô ? Elle sourit rien qu'à l'idée. Oui oui, il lui en avait parlé -n'oublions pas qu'ils se disaient tout-, peut-être plus qu'il ne s'en était rendu compte. Ca faisait trop longtemps -selon elle- qu'elle n'avait pas vu son ami sous le charme d'une jolie fille. Qui avait l'air particulièrement adorable, également. Dans tous les cas, le bonhomme avait sa bénédiction pour un(e) quelconque union / mariage / bar-mitsva ( Rayer la mention inutile, si inutilité il y a ).

Héhé. A son tour. A la limite du sautillement impatient, accompagné d'une bouffée d'adrénaline particulièrement agréable, elle attendit que Chojiro lui tende... Un ours en peluche. Hum ? C'était ça, son cadeau ? Non pas qu'elle s'attendait à quelque chose d'extraordinaire, ni d'extrêmement luxueux -comme un collier trouvé à la coûteuse boutique du centre commercial, par exemple :p-, mais les peluches, c'était plutôt le crédo de Kimie. Légèrement perplexe, elle leva ses yeux sombres vers son meilleur ami, tentant de descerner une quelconque supercherie dans son regard.
Mais c'est qu'il avait l'air sérieux, le bougre. Enfin, ce cadeau ne lui déplaisait pas tant, en définitive ; c'était l'intention qui comptait, et puis, quelque chose de ce genre, venant de sa part, c'était adorable, et... Oh ? C'était quoi, cette petite boîte ?
Particulièrement surprise et intriguée, elle échaffauda rapidement une hypothèse ; il voulait se marier ? Avec qui ? Shinobu ? Peut-être attendait-il son avis sur la bague qu'il allait offrir à sa bien aimée. Oui oui, un peu naïve sur ce coup-là, la Reira. Mais l'idée qu'il veuille la marier ne l'avait même pas effleurée ; depuis longtemps, toute ambiguité avait été balayée, de par leur statut d'amis d'enfance, et elle ne comprit de ce fait pas plus la gêne présente sur les traits de son petit Choji.

Cette boîte était peut-être pour elle, en définitive. Génial. Son sourire s'étira de plus belle, et elle ferma gracieusement les yeux, en attente du véritable cadeau. Rapidement, elle sentit le contact froid du bijou sur sa peau dénudée, et en ouvrit tout aussi hâtivement les paupières, tout en baissant les prunelles vers ce qu'on venait de lui accrocher. Sublime. Que disait-elle ! ; sublimissime, le choix de Chojiro.
« Alors ? » Ses iris pétillèrent de bonheur, et de malice, lorsqu'elle les reposa sur son vis-à-vis. « Alors quoi ? C'est à toi de me dire à quoi je ressemble, avec une telle merveille autour du cou. » Petite pause, agrémentée d'un nouveau coup d'oeil à la merveille en question : « Ca a dû te coûter une fortune. Choji, tu as un goût extraordinaire. » Sur ce elle s'approcha du garçon, entoura sa nuque de ses bras, lui déposa un baiser appuyé sur la joue, et conclut par un « Merci beaucoup ! » sincère. De quoi avait-elle l'air maintenant, avec son bracelet cheap ?

« On continue à faire les boutiques ? », dit-elle alors, arborant fièrement son nouvel accessoire. « Enfin, quoi que tu veuilles faire, je tiens à savoir où ça en est avec Itô-san. » Ah, ça. Il n'y échapperait pas, le pauvre petit. D'ailleurs, elle fit immédiatement défiler un premier flot de questions : « Tu lui as parlé, depuis le temps que tu rêves de le faire ? Tu l'as revue, au moins, même de loin ? Et, elle est toujours aussi jolie ? Puis, elle te regarde quand tu le fais ? »
Petite curieuse.

Oui ? Oui. Reira écarquilla les yeux, puis un sourire franc fleurit sur ses lèvres : ENFIN, Chojiro avait osé. Depuis le temps qu'il attendait. Que Shinobu attendait. Qu'elle attendait. Que l'ensemble des amis de Choji' attendait. Eh oui, tant que ça. Il lui était rentré dedans exprès ? Elle en rit intérieurement, mais, après tout, c'était une technique comme une autre. Un peu brutale, certes. Mais une technique quand même. Et apparemment, cela avait payé. Pas mal payé. Assez payé ? Huum.

Ignorant royalement sa question -dont elle se ferait pardonner en introduisant le sujet Tsukune plus tard-, elle émit un sincère : « Génial, Choji. », tout en faisant semblant de détailler le style vestimentaire du mannequin en plastique se terrant derrière la vitrine. « J'aimerais en dire autant pour Tsukune, mais je ne suis pas encore passée à l'attaque. » Attaque, c'était le mot juste, pour employer le style de Reira : aucun plan aussi élaboré que celui de son meilleur ami, pas de faux-semblants, et, vite, du rentre-dedans, d'abord subtil, puis plus évocateur, selon l'avancée et la portée de la chose. Bien qu'elle n'eût aucun indice quant à l'état d'esprit du beau Niwa, et qu'elle n'envisageât d'adapter le tout au caractère plus réservé de Tsu'. Enfin, après tout, qui ne tentait rien, n'avait rien. Et ce, malgré le nombre colossal de rateaux auxquels Reira avait eu droit, depuis sa rupture avec Seiho ; elle se relevait toujours avec le sourire, sachant qu'un jour, sa poisse amoureuse disparaîtrait enfin.

« J'avoue avoir un peu peur pour lui, il est tellement différent de ce con de Seiho... J'ai pas envie de l'effrayer moi, avec ma grande gueule et ma petite fille à charge. » Elle prit un air véritablement soucieux, s'imaginant l'éventualité d'un rejet direct. Certes, elle avait l'habitude, comme dit précédemment. Mais cela ne faisait jamais plaisir, de se savoir dotée d'une attirance unique. « Enfin, arrivera ce qui doit arriver... », conclut-elle dans un soupir, reprenant leur marche dans le centre commercial. « Au fait... » Reira se tourna vers lui, afin d'éclaircir un point encore resté obscur, de par la pudeur certaine de son ami. Qu'à cela ne tienne. « Tu l'as embrassée, Shinobu ? » Le tout avec la franchise naturelle qui lui était dû. En attendant, elle fit mine de reluquer l'une des nombreuses vitrines de l'endroit, évitant de fixer Choji dans les yeux, histoire de lui épargner une gêne supplémentaire.

[ Désolée, c'est horriblement court ;__; ]

Pompompom. Reira continua de faire mine de n'avoir rien dit d'important, paraissant absorbée par ce qu'elle pouvait apercevoir dans les différentes vitrines qui s'offraient à elle. Jusqu'à ce qu'elle se tourne vers lui, interpellée par sa réponse.

« T'es vraiment trop mignon. », fit-elle en lui ébouriffant tendrement les cheveux, grand sourire aux lèvres. « Te prends pas la tête avec ce fameux baiser. Tu verras, quand tu y seras, ça viendra tout seul. » Et elle parlait en connaissance de cause, la problématique du « Comment, et quand j'embrasse ? » lui ayant déjà, dans ses jeunes années, traversé l'esprit de nombreuses fois. Et puis, lorsqu'elle s'était retrouvé en tête à tête avec Seiho, lors de leur dernier rendez-vous en tant qu' « amis », la chose lui était apparue terriblement naturelle. Qui protégeait qui, maintenant, hein ? Dire qu'un grand garçon comme lui était terrifié à l'idée d'un baiser. Adorable. Elle était même à deux doigts de lui voler son premier bisou, histoire de lui montrer, qu'en fait, ça n'était pas si terrible que ça. Mais le sachant d'une valeur symbolique, elle ravala son culot débordant, et se contenta de l'emmener à l'intérieur d'un magasin pour hommes. C'était l'un de ses jeux préférés ; emmener un garçon dans ce genre de magasins, puis lui faire essayer toutes sortes de vêtements. Longtemps, ç'avait été avec Seiho.

L'on fit son choix, et Chojiro se retrouva dans une cabine d'essayage, tandis que Reira était tranquillement assise de l'autre côté du rideau, en face de ladite cabine. Ainsi pouvaient-ils dialoguer librement.
« Et puis, je suis sûre que Shinobu sera aussi stressée que toi, quand ça arrivera. » Non, non, elle ne tirait pas de conclusion hâtive ; seul un borgne affublé d'un compas dans l'oeil n'aurait pu voir l'inévitable. « Donc, tu n'as pas à t'inquiéter, mon petit Choji. Vous serez tous les deux dans la même galère. »
Si si, c'était sensé le rassurer. Mettre la belle à son niveau, afin de lui faire comprendre que ça n'était pas si énorme que cela. « Puis si tu veux, je me planque derrière un buisson, et je te donne les directives. » Elle sourit à sa remarque, bien évidemment loin d'être sérieuse. Histoire de le taquiner un peu sur le sujet, encore.

Reira servit un grand sourire innocent à Choji, lorsqu'il sortit de la cabine, la regardant comme si elle était la dernière des imbéciles. Bah. Ca la faisait plus rire qu'autre chose, et puis, elle savait qu'il l'aimait comme elle était. Ou malgré ce qu'elle était, parfois.
Alors ? Eh bien. Il était canon, habillé comme ça. Elle venait de chambouler certaines de ses habitudes vestimentaires, mais cela valait le coup, comme l'attesta son sourire conquis. Et, avant qu'elle n'aie pu rajouter quelque chose, il disparut derrière le rideau. Ben ? Sa gêne reprenait encore une fois le dessus ? Qu'à cela ne tienne.
« Dis donc, si tu t'habilles comme ça au lycée, tu vas faire des ravages. » Parce qu'il était déjà mignon à la base, Chojiro, et Reira s'étonnait d'ailleurs de ne pas voir des hordes de filles le suivre partout. Eh oui.

Bon, deuxième tenue. Elle se tut le temps qu'il se change, lui laissant un instant de répit, et, à elle, l'occasion de penser un peu. A Kimie, d'abord : Sumi s'en sortait-elle ? La petite était un ange de douceur, loin de certaines pestes, aussi ne devait-il pas y avoir de problème. Mais si elle s'était toujours sentie plus rassurée lorsqu'elle, ou l'un de ses proches, tels que Chojiro ou ses parents, s'en occupait, le statut de baby-sitter de Sumi lui apportait un autre type de soulagement ; elle la rémunérait en échange de ses services, contrairement à la catégorie citée plus haut, à laquelle elle avait l'impression de confier une charge embarrassante.
Lorsqu'il réapparut, elle donna un coup d'oeil critique à l'ensemble ; T-shirt vert clair, encore parcouru de diverses inscriptions, additionné à un jean plus clair, cette fois. Héhé. Elle avait encore tapé juste. Cette fois, elle ne se contenta pas de sourire, et ajouta un : « Ca te va super bien. », avant qu'il n'aie l'occasion de retourner se planquer dans sa cabine. En fait, tous les styles lui collaient, et chaque vêtement qu'il enfilait lui allait à merveille. Chanceux.

« Alors, qu'est-ce que tu vas prendre ? » Comme habits, bien entendu.

Apparemment, Chojiro était ravi par les vêtements que Reira lui avait choisi ; il décida de tous les prendre, ce qui fit sourire sa meilleure amie. Avant qu'elle n'en aie eu l'idée, il la dissuada de les lui offrir d'un regard, auquel elle répondit par un nouveau sourire ; il savait pertinemment qu'elle était loin d'avoir les moyens de jeter l'argent par les fenêtres, même si cela était dans le but de faire plaisir aux autres. Ses parents étaient d'origine modeste, et avaient dû subvenir aux besoins d'une famille nombreuse, si ils ne le faisaient pas encore, privant leur petite dernière d'être une fille à papa dépensant à qui mieux-mieux. Et c'était tant mieux.
Une fois sortis du magasin, Reira eut à peine le temps de se demander où elle pourrait bien les emmener, qu'elle sentit la main de Choji se glisser dans son dos, et la pousser vers une boutique de sa connaissance. A son tour ? Pourquoi pas ? Elle aimait se prêter au rôle de mannequin, lorsque cela lui était permis. Certes, certes, elle n'avait pas le physique adéquat – trop petite – mais aimait à parader dans de nouveaux vêtements, même devant ses amis. Aussi se fit-elle une joie de l'accompagner dans ledit magasin, qui était, d'ailleurs, tout à fait son style.

En entrant, elle se dirigea vers une rangée de vêtements tout à fait décents, laissant Chojiro s'aventurer plus loin. Elle détailla les divers habits d'un coup d'oeil, et s'apprêtait à dire à son ami de choisir pour elle, comme ils l'avaient fait plus tôt, lorsqu'elle le vit lorgner sur un déshabillé, une drôle d'expression ancrée sur le visage. Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Elle se planta devant lui, sourcil arqué, attendant qu'il ne la remarque. Légèrement amusée, la Reira.
Ah. Il releva la tête vers elle, les rouges horriblement rouges. Il fallait lui trouver une copine, qu'il se dévergonde un peu. Le pauvre. Il se sentait horriblement gêné, pour pas grand chose, comme l'attestaient ces balbutiements. Enfin, Reira ne savait pas non plus qu'il l'imaginait, elle, dans ce genre de vêtement.
Dans une plaisanterie digne de son propre humour, il aligna l'habit sur lui-même, et le visage de Reira se fendit d'un sourire, qui se mua aussitôt en un rire cristallin. Eh oui, ce genre de connerie la faisait rire. Et cela détendrait l'atmosphère, par la même occasion.
Hum ? Tsukune ? Par réflexe, elle prit le déshabillé, et regarda Chojiro avec incrédulité ; lui qui était si pur, l'incitait à se balader dans ce genre d'habit devant son meilleur ami. Rien qu'à cette idée, elle eut un léger rire, tapota l'épaule de Choji, et secoua la tête en reposant le déshabillé, ajoutant un « N'importe quoi. » souriant. Et puis, Reira avait déjà tout le nécessaire, en matière de sous-vêtements. Eh oui, Seiho était passé par là.
« Pourquoi tu n'irais pas me choisir quelque chose de plus habillé, hein ? » Sur ce, elle le prit par le bras, et attendit qu'il se décide afin de le suivre.